Être thérapeute : entre fondamentaux et archétypes

Introduction

« C’est quoi, être thérapeute ? »
Derrière cette question simple se cache une multitude de réponses. Pour beaucoup, le thérapeute est celui qui reçoit dans un cabinet, qui écoute et qui soigne. Pourtant, n’avons-nous pas tous déjà été touchés par un geste, un mot, une écoute attentive — de la part d’un ami, d’un professeur, d’un coiffeur ? Être thérapeute ne serait-il pas d’abord une façon d’être au monde ?

Au-delà des clichés

La vision traditionnelle réduit parfois le thérapeute à une fonction : un praticien avec une technique. Or, accompagner l’autre ne se limite pas à appliquer un protocole. C’est avant tout créer un espace où l’humain peut se déposer et se transformer.

Je me souviens que, lors de mes premières journées d’études en naturopathie, Daniel Kieffer nous avait partagé ces définitions inspirantes :

« Le thérapeute est celui qui prend soin de l’Être. »
— Jean-Yves Leloup

« Le thérapeute est le bon compagnon sur le chemin de la santé. »
— Karlfried Graf Dürckheim

Quand on parle du « bon compagnon », on choisit d’être dans une posture non invasive, sans abus. Le compagnon, c’est celui qui partage le pain, qui marche aux côtés de l’autre sur le chemin : celui du mouvement, celui de la vie.

Et la santé, dans ce sens, n’est pas seulement l’absence de maladie, mais bien l’ensemble de cette vie intérieure et extérieure qui peut se déployer.

Être thérapeute, c’est donc habiter autant l’espace personnel que relationnel.
Et cette posture dépasse largement les professions reconnues : elle peut se manifester partout où il y a écoute, bienveillance et ouverture.

Les fondamentaux

Quel que soit l’outil ou la méthode, certains piliers demeurent universels :

• La présence : être là, pleinement.

• L’écoute : accueillir sans chercher à trouver une réponse immédiatement.

• La bienveillance : offrir un regard qui ne juge pas.

• Le cadre : poser des limites sécurisantes, pour soi comme pour l’autre.

Ces fondamentaux sont le socle sur lequel se déploient différentes figures intérieures, les archétypes.

Les archétypes du thérapeute : ressources et pièges

Les archétypes sont des images universelles, des manières de se positionner face à l’autre ou des projections que l’on émet ou que l’on reçoit. En prendre conscience permet de les habiter avec plus de liberté, sans s’y enfermer.

1.            Le Père protecteur

• Ressource : il rassure, soutient, donne une structure. Sa présence solide crée un sentiment de sécurité.

• Piège : il peut devenir autoritaire, infantiliser ou décider « à la place de l’autre ».

2.            Le Sage

• Ressource : il transmet l’expérience, guide avec discernement, incarne une mémoire.

• Piège : il risque de se couper de la vulnérabilité, ou d’imposer sa vision comme vérité absolue.

3.            Le Technicien

• Ressource : il maîtrise ses outils, apporte précision et efficacité.

• Piège : il peut réduire la relation à une mécanique, oublier l’humain derrière la méthode.

4.            Le Sauveur

• Ressource : il veut protéger, réparer, soutenir. Son élan d’aide est généreux.

• Piège : il s’épuise, prend la responsabilité de l’autre et finit par nier ses propres besoins. Il peut également devenir abusif voire bourreau.

5.            Le Mystique

• Ressource : il ouvre aux dimensions invisibles, relie au sacré, élargit les horizons.

• Piège : il peut s’éloigner de la réalité concrète, perdre l’ancrage et la clarté.

Ces archétypes sont des forces, mais dès qu’ils dominent seuls, ils enferment. Le chemin du thérapeute est souvent celui d’un équilibre subtil entre ces figures, sans s’y enfermer pour autant. 

Conclusion : inventer sa propre médecine

Être thérapeute, c’est moins « jouer un rôle » que tisser sa propre manière d’incarner la présence.
Les archétypes ne sont pas des cases, mais des miroirs. Ils nous aident à comprendre nos élans et nos excès, pour mieux revenir à une posture vivante et unique.
Chaque thérapeute est à la croisée des fondamentaux et de sa singularité : il n’y a pas de modèle parfait, seulement une voie personnelle à déployer.

👉 Et toi, dans ton chemin d’accompagnement, quels archétypes résonnent le plus ? Lesquels as-tu appris à apprivoiser ?