Pieds & chevilles : un carrefour du système nerveux et de la résilience

On imagine souvent le pied et la cheville comme de simples structures mécaniques permettant de marcher, courir ou danser.
Pourtant, ils forment ensemble un véritable carrefour sensoriel et symbolique, où se rencontrent biomécanique,  système vasculo-nerveux, vécu traumatique et archétypes de mouvement.

Dans cet article, je t’invite à explorer ce lien intime et souvent méconnu.

1. Le pied-cheville, une unité biomécanique et neuro-sensorielle

Les chevilles et les pieds transforment en permanence les informations de contact avec le sol en signaux destinés au cerveau.

• La semelle de Lejars : ce réseau veineux plantaire joue un rôle de pompe circulatoire essentielle. Chaque pas stimule le retour lympho-veineux et participe à l’équilibre neuro-végétatif. Elle relie donc le pied au système vasculaire, mais aussi indirectement au système neuro-végétatif (car tout changement de retour veineux impacte le système nerveux autonome via la régulation cardiaque et respiratoire).

• L’articulation même de la cheville : charnière entre sol et jambe, elle transforme la poussée plantaire en mouvement ascendant. L’humain a un besoin neuropsychologique de se tenir debout, droit, les yeux à l’horizon, les deux pieds au sol, qu’importe son environnement. 

• Capteurs proprioceptifs : tendons, ligaments, aponévrose plantaire et muscles sont riches en mécanorécepteurs (dont l’appareil tendineux de Golgi), qui renseignent le système nerveux sur équilibre et tension et le degré de sécurité. 

👉 Le pied et la cheville fonctionnent comme une seule antenne sensorielle, qui relie directement l’ancrage au sol avec la régulation du corps entier.

2. Le lien avec le système nerveux et les hormones

Les informations issues du pied et de la cheville remontent par voies sensorielles vers le cervelet, le tronc cérébral et le système limbique.
Elles influencent directement, la régulation de l’équilibre, mais aussi la perception de sécurité/danger.

• En état de calme, le système nerveux ajuste finement les appuis et permet une marche fluide.

• En état de stress, les hormones (adrénaline, cortisol) augmentent la contraction musculaire, rigidifient les tendons, les ligaments et de fait la posture, mais aussi altèrent la qualité du contact au sol ce qui modifient les appuis et peuvent entraîner raideurs, instabilité ou sensations de fragilité.

👉 Ainsi, l’état de nos pieds et chevilles traduit notre état neuro-hormonal intérieur.

3. Stress post-traumatique : mémoire inscrite dans les appuis

Dans le trauma, l’unité pied-cheville peut devenir le reflet corporel de l’histoire vécue :

• Hypervigilance : appuis instables, crispés, comme toujours prêts à fuir. Les chevilles semblent instables, la masse musculaire du pied est souvent spastique, toujours sur la défensive (ex : extrêmement chatouilleux ou spasmes involontaires).

• Sidération : immobilité, manque de fluidité, comme figés dans la mémoire du danger. Les chevilles perdent de leur fluidité, comme retenues par une mémoire invisible, le pied est rigide, des cordes se forment dans la masse musculaire. 

Ces réactions sont liées aux boucles réflexes neuromusculaires, qui inscrivent le vécu dans les tissus. Elles racontent notre rapport à l’ancrage, à l’élan et à la possibilité d’avancer.

4. Chaînes musculaires et posturales

Le pied et la cheville ne fonctionnent jamais seuls : ils s’intègrent dans les chaînes musculaires ascendantes.

• La chaîne postérieure (aponévrose plantaire – mollets – ischio-jambiers – dos) se rigidifie sous l’effet du stress, limitant l’élasticité globale.

• La chaîne antérieure (tibial antérieur, quadriceps, psoas) se tend aussi en hypervigilance, préparant le corps à la fuite ou au combat.

• La posture entière se modifie : bassin projeté, voûte plantaire contractée, épaules crispées.

👉 Le stress post-traumatique n’impacte pas seulement l’esprit : il se lit dans les lignes de tension du corps, avec le pied et la cheville comme premiers points d’ancrage.

5. Réflexologie plantaire et acupressure : un relais de régulation

La réflexologie plantaire montre à quel point le pied est un miroir du corps entier :

• Stimule le nerf vague, la lymphe et le système vasculaire.

• Stimuler ces zones soutient l’axe HPA (hypothalamo-hypophyso-surrénalien), qui régule la réponse au stress.

Plusieurs points importants en acupression pour calmer l’était de stress et de tension se situent sur le pied et la cheville. 

Comme les points vessie 60, 61 et 62 points antalgiques surtout dans les douleurs de cheville, genoux, lombaires et hanches. Ces points libèrent également les chaines musculaires postérieures et latérales. Et éliminent la « chaleur de la tête » comme les insomnies, céphalée et sensation de vertige. 

Le point Vessie 62 est aussi couplé au vaisseau gouverneur qui est comparé à l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien. 

Le Rein 6 : situé sous la malléole interne, il tonifie le sang et le Qi, ce qui aide à calmer la nervosité. 

👉 Par le pied, il est possible d’agir à la fois sur le système nerveux et le système hormonal.

6. Symbolique du pied et de la cheville

Au-delà de la biomécanique, pied et cheville portent une grande charge symbolique :

• Le pied représente l’ancrage, la racine, le lien avec la terre.

• La cheville, plus fragile, incarne la charnière, la liberté de mouvement mais aussi la vulnérabilité (le talon d’Achille).

• Ensemble, ils symbolisent la capacité à avancer, à se stabiliser ou au contraire à rester figé.

👉 Dans le langage du corps, ils racontent notre rapport au mouvement de vie : avancer, fuir, résister ou s’ancrer.

Conclusion

Le pied et la cheville forment une unité interdépendante qui dépasse largement la simple mécanique de la marche.
Ils intègrent :

• la biomécanique (appuis, capteurs, retour veineux),

• le système nerveux et hormonal (sécurité/danger, hormones du stress),

• le trauma (hypervigilance, sidération),

• les chaînes musculaires et posturales (tensions inscrites dans le corps entier),

• la réflexologie et acupressure (soutien neuro-hormonal),

• et la symbolique (ancrage, liberté, vulnérabilité).

En prenant soin de nos pieds et chevilles, nous prenons soin de notre rapport au monde : la manière dont nous avançons, nous enracinons et nous ouvrons à la vie.